ar | 17/03/2010 08:33:00 |
C'est devant une assistance attentive et ravie que le président du MAK (Mouvement
pour l'Autonomie de la Kabylie) a animé une conférence-débat, Samedi 13 Mars,
dans le cadre de la commémoration du 30eme anniversaire du Printemps Berbère 1980.
Le conférencier, invité par l'association culturelle Tamazgha, sise au 14eme
arrondissement de Paris, est longuement revenu sur le combat identitaire et politique,
menée par la Kabylie depuis maintenant 30ans, et sur son impact sur la formation
de la conscience kabyle.
pour l'Autonomie de la Kabylie) a animé une conférence-débat, Samedi 13 Mars,
dans le cadre de la commémoration du 30eme anniversaire du Printemps Berbère 1980.
Le conférencier, invité par l'association culturelle Tamazgha, sise au 14eme
arrondissement de Paris, est longuement revenu sur le combat identitaire et politique,
menée par la Kabylie depuis maintenant 30ans, et sur son impact sur la formation
de la conscience kabyle.
« Les hommes font l'Histoire mais ne savent pas quelle histoire ils font » affirme
d'emblée Monsieur Ferhat en citant François Furet. Il releva les dates marquantes de
l'histoire moderne de la Kabylie, confrontée au pouvoir algérien. Ces dates vont
de la rébellion menée par le FFS contre la dictature de Ben Bella en 1963 aux
événements tragiques du printemps Noir 2001, en passant par le printemps berbère
1980, le boycott scolaire de 1994 et l'assassinat de Matoub Lounès en 1998. Pour
Ferhat, après l'indépendance de l’Algérie, la Kabylie voyait sa liberté, si chèrement
arrachée contre le colonialisme, lui filer entre les doigts par le fait des armées
stationnées hors des frontières, au Maroc et en Tunisie. Elles sont entrées au pays
une fois la guerre terminée pour le contrôle du pouvoir. Pour lui l'Algérie et tous les
pays nés de la décolonisation sont le fruit d'un « viol ». C'est l'ancienne puissance
coloniale qui a réuni des peuples et dessiné des frontières pour fabriquer des nouveaux
Etats incapables d’être autre chose que des dictatures au service de l’ordre mondial,
déduit le conférencier.
d'emblée Monsieur Ferhat en citant François Furet. Il releva les dates marquantes de
l'histoire moderne de la Kabylie, confrontée au pouvoir algérien. Ces dates vont
de la rébellion menée par le FFS contre la dictature de Ben Bella en 1963 aux
événements tragiques du printemps Noir 2001, en passant par le printemps berbère
1980, le boycott scolaire de 1994 et l'assassinat de Matoub Lounès en 1998. Pour
Ferhat, après l'indépendance de l’Algérie, la Kabylie voyait sa liberté, si chèrement
arrachée contre le colonialisme, lui filer entre les doigts par le fait des armées
stationnées hors des frontières, au Maroc et en Tunisie. Elles sont entrées au pays
une fois la guerre terminée pour le contrôle du pouvoir. Pour lui l'Algérie et tous les
pays nés de la décolonisation sont le fruit d'un « viol ». C'est l'ancienne puissance
coloniale qui a réuni des peuples et dessiné des frontières pour fabriquer des nouveaux
Etats incapables d’être autre chose que des dictatures au service de l’ordre mondial,
déduit le conférencier.
C'est grâce à l'Académie Berbère, fondée en France par Bessaoud Mohand Arav,
le travail intellectuel de Mouloud Mammeri et la chanson kabyle moderne que la
Kabylie a maintenu sa contestation du régime, dans les années 70. Le tout a ainsi forgé
une détermination sans précédent pour défendre un aspect de la personnalité
kabyle, l’amazighité. La jonction entre de jeunes étudiants activant au pays et un
leader historique, à la fin des années 70, a débouché sur cet événement majeur, qui
est le Printemps Berbère de 1980, et la naissance du MCB (Mouvement Culturel
Berbère), porteur de la voix de la Kabylie. « On ne rendra jamais assez hommage pour
Me Ali Mecili d’avoir permis la rencontre de ces deux générations qui ont fait
redémarrer l’Histoire militante de la Kabylie » a-t-il continué. «Le maquisard de la
chanson» confie que les revendications de l'époque n'étaient pas assez claires
ni assez réalistes (Tamazight et l'Arabe algérien). Des divergences
idéologiques différenciaient les militants, mais tout le monde était porté sur le
compromis entre les différentes tendances.
le travail intellectuel de Mouloud Mammeri et la chanson kabyle moderne que la
Kabylie a maintenu sa contestation du régime, dans les années 70. Le tout a ainsi forgé
une détermination sans précédent pour défendre un aspect de la personnalité
kabyle, l’amazighité. La jonction entre de jeunes étudiants activant au pays et un
leader historique, à la fin des années 70, a débouché sur cet événement majeur, qui
est le Printemps Berbère de 1980, et la naissance du MCB (Mouvement Culturel
Berbère), porteur de la voix de la Kabylie. « On ne rendra jamais assez hommage pour
Me Ali Mecili d’avoir permis la rencontre de ces deux générations qui ont fait
redémarrer l’Histoire militante de la Kabylie » a-t-il continué. «Le maquisard de la
chanson» confie que les revendications de l'époque n'étaient pas assez claires
ni assez réalistes (Tamazight et l'Arabe algérien). Des divergences
idéologiques différenciaient les militants, mais tout le monde était porté sur le
compromis entre les différentes tendances.
Après l'ouverture démocratique, au lieu de transformer le MCB en parti politique,
défendant les intérêts de la Kabylie, ses militants ont choisi de se fondre dans de
nouveaux partis, croyant défendre la démocratie dans Etat qui continue
de les instrumentaliser: « la pression exercée par le système était plus forte que celle
exigée par le devoir et la conscience militante kabyle ». C'est de la sorte que le MCB
a été domestiqué et que ses deux tendances nées de sa division servaient davantage
de moyen de légitimation des deux partis que de cadres de réalisation de la
revendication amazighe. Ce n'est qu'en 1994 que la Coordination et les
Commissions Nationales du MCB se retrouvent pour mener, d'une seule voix, une
action d'envergure qui était le boycott scolaire. L'assassinat de Matoub et les
événements tragiques du Printemps Noir ont causé, selon l'orateur, un traumatisme
profond au sein de la population kabyle qui a perdu définitivement confiance dans ses
deux partis politiques.
défendant les intérêts de la Kabylie, ses militants ont choisi de se fondre dans de
nouveaux partis, croyant défendre la démocratie dans Etat qui continue
de les instrumentaliser: « la pression exercée par le système était plus forte que celle
exigée par le devoir et la conscience militante kabyle ». C'est de la sorte que le MCB
a été domestiqué et que ses deux tendances nées de sa division servaient davantage
de moyen de légitimation des deux partis que de cadres de réalisation de la
revendication amazighe. Ce n'est qu'en 1994 que la Coordination et les
Commissions Nationales du MCB se retrouvent pour mener, d'une seule voix, une
action d'envergure qui était le boycott scolaire. L'assassinat de Matoub et les
événements tragiques du Printemps Noir ont causé, selon l'orateur, un traumatisme
profond au sein de la population kabyle qui a perdu définitivement confiance dans ses
deux partis politiques.
« Que reste t-il d'Avril 1980 » questionne le conférencier: un pseudo-enseignement
de tamazight, quelques minutes dans la télévision algérienne, dans différentes
langues amazighes, et surtout le dévoiement des symboles d'Avril 80. La maison
de la culture Mouloud Mammeri, symbole de subversion, est travestie en lieu de lancement
de festivals arabes à Tizi-Ouzou, conclue tristement Ferhat Mehenni. Les élites de
l'époque sont, dans leur écrasante majorité, rentrées dans les rangs.
de tamazight, quelques minutes dans la télévision algérienne, dans différentes
langues amazighes, et surtout le dévoiement des symboles d'Avril 80. La maison
de la culture Mouloud Mammeri, symbole de subversion, est travestie en lieu de lancement
de festivals arabes à Tizi-Ouzou, conclue tristement Ferhat Mehenni. Les élites de
l'époque sont, dans leur écrasante majorité, rentrées dans les rangs.
Un avantage est tiré, tout de même, de toutes ces souffrances. Ces trente ans de
lutte conjuguées au choc du Printemps Noir ont permis à la Kabylie de murir sa
revendication et de s'assumer enfin et définitivement comme peuple. C'est, depuis
2001, le MAK qui en porte les espoirs. Depuis qu’il est sur le terrain, le 20 avril
n’est plus commémoré comme c’était le cas jusque-là, culturel et linguistique.
La revendication d’une autonomie pour la Kabylie prend le pas sur les
revendications traditionnelles d’avant « Le 20 avril 2010 sera la date de l'union des
Kabyles qui marcheront pour leur liberté ».
lutte conjuguées au choc du Printemps Noir ont permis à la Kabylie de murir sa
revendication et de s'assumer enfin et définitivement comme peuple. C'est, depuis
2001, le MAK qui en porte les espoirs. Depuis qu’il est sur le terrain, le 20 avril
n’est plus commémoré comme c’était le cas jusque-là, culturel et linguistique.
La revendication d’une autonomie pour la Kabylie prend le pas sur les
revendications traditionnelles d’avant « Le 20 avril 2010 sera la date de l'union des
Kabyles qui marcheront pour leur liberté ».
Le président du MAK met en garde le pouvoir algérien contre toute nouvelle agression
contre la Kabylie. Il affirme solennellement que ce jour sera celui de la liberté du
peuple kabyle. En fin de son intervention, Ferhat Mehenni lance un appel à tous les
kabyles de France à se joindre massivement au rassemblement, organisé dans le cadre
du « Collectif Tafsut 2010 », le 18 Avril à République, et au sit-in du 20 avril à 17h,
evant l'ambassade d'Algérie à Paris. Il rappelle que le MAK marchera dans les trois
capitales de la Kabylie pour la liberté du peuple kabyle.
contre la Kabylie. Il affirme solennellement que ce jour sera celui de la liberté du
peuple kabyle. En fin de son intervention, Ferhat Mehenni lance un appel à tous les
kabyles de France à se joindre massivement au rassemblement, organisé dans le cadre
du « Collectif Tafsut 2010 », le 18 Avril à République, et au sit-in du 20 avril à 17h,
evant l'ambassade d'Algérie à Paris. Il rappelle que le MAK marchera dans les trois
capitales de la Kabylie pour la liberté du peuple kabyle.
Ferhat a lancé un appel solennel pour une grève générale le 20 avril. Il a appelé tous
les travailleurs (qu’ils soient du secteur public ou privé) et tous les fonctionnaires
kabyles à ne pas se rendre à leur travail ce jour-là. Il invite également toutes les
associations culturelles à n’organiser d’activités commémoratives qu’à partir de 17h.
Un débat riche a suivi la conférence. Les intervenants ont axé leurs questions
notamment sur le projet d'autonomie, défendu par le MAK. Une question a attiré
l'attention de l'assistance, il s'agit de l'éventualité d'une action armée, dans le cas
du refus du pouvoir algérien d'accepter l'autonomie. L'Ancien déclare « si le pouvoir
algérien recourt encore une fois aux armes je cesserai de revendiquer l'autonomie »
sous les applaudissements de la salle. Face à l'inquiétude d'un intervenant quant à
la misère sociale en Kabylie qui est, selon lui, prioritaire, le président du MAK rétorque
que la Kabylie réglera ses problèmes sociaux une fois son Etat mis en place.
Pour ce faire, elle a besoin de ses investisseurs, de ses chercheurs et de sa main
d'œuvre mais, dorénavant, elle n'a rien à attendre d'un régime qui tue ses enfants.
Quant à la stratégie du MAK pour aboutir à libérer la Kabylie, la désobéissance civile
reste un moyen parmi d'autres explique Ferhat notant au passage que le MAK, à
travers sa diplomatie, dispose d'un puissant soutien international. C'est dans un
climat de convivialité et de fraternité que la rencontre s'est terminée, les présents
ont été satisfaits que Ferhat s'approche des présents pour les saluer et expliquer
des derniers détails concernant l'Etat Kabyle en gestation.
Synthèse A. Mekdam