lundi 21 novembre 2011

«Je chante des thèmes liés à l’amour et au social»

Musique Cheikh El Hasnaoui Amechtouh se confie à la Dépêche de Kabylie

«Je chante des thèmes liés à l’amour et au social»


Le chanteur El Hasnaoui Amechtouh, de son vrai nom Madjid Aït Rahmane, a bien voulu nous accorder cet entretien en marge de l’hommage rendu à l’autre artiste kabyle, Djamel Chir, la semaine dernière
à la Maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. D’emblée, il nous lancera cette lancinante phrase «Les arts tristes meurent à petit feu et se cachent pour mourir». Une phrase lourde de sens.

La Dépêche de Kabylie : Racontez-nous vos débuts dans la chanson ?
El Hasnaoui Amechtouh: Mon vrai nom est Madjid Aït Rahmane et suis âgé de 58 ans. J’ai fait mes débuts dans la chanson amazighe en 1975 alors que je n’avais que 22 ans. J’ai enregistré mon premier 45 tours au studio «Mahboubati». Mon œuvre a été publiée, ensuite, par la maison d’édition D.D.A.

A l’époque, vous deviez certainement être en contact avec les grands ténors de la chanson kabyle.
Effectivement, j’ai eu l’honneur de connaître beaucoup de nos talents. Outre le regretté Aït Meslayen, j’ai côtoyé Cheikh El Hasnaoui, Lounis Ait Menguellet, Ouazib Mohand Améziane, Saidani Rabah, El Ouagrani, Taleb Tahar et Djamal Chir, ainsi que d’autres.

Vous venez de participer à l’hommage rendu à Djamel Chir, pouvez-vous nous donner vos impressions ?
J’ai été, franchement, impressionné par la verve de notre ami Djamel Chir et par la forte participation des autres chanteurs qui ont tenu à être de la fête. Je citerai Abdelkader Chaou qui a subjugué la Maison de la culture. Je voudrai féliciter les organisateurs qui ont été à la hauteur de cette tâche. Je suis très reconnaissant à l’égard d’El Hadi Ould Ali, qui n’hésite jamais à répondre aux aspirations des artistes en mettant à leur disposition la Maison de la culture lorsqu’ils le sollicitent. Je souhaiterai que l’on fasse un hommage à Abdelkader Chaou à Tigzirt, la ville dont il est originaire.

Avez-vous des projets en vue ?
Je dois me rendre ce mois-ci à Toulouse, en France, pour participer à un hommage qui sera rendu à notre regretté Cheikh El Hasnaoui. Ceci pour mes représentations artistiques. Concernant la production, je dois mettre sur le marché un nouveau CD.

Quels sont les sujets que vous traitez dans ce nouveau CD ?
Tout en dénonçant l’injustice qui règne, je développe des thèmes liés à l’amour et au quotidien social.

Quel vœu formulez-vous le plus souvent ?
Je souhaite que l’on s’occupe, comme il se doit, de l’art et que l’on soit conscient de l’isolement dans lequel se retrouvent nos artistes, ceci en procédant à la création d’un statut qui puisse les protéger de tous les aléas.

Un bon souvenir ?
Ma rencontre avec feu Cheikh El Hasnaoui demeure mon meilleur souvenir. Je garderai de lui une belle phrase. Lorsque je l’avais rencontré pour la première fois il m’a dit: « Respectes l’art et sois sûr qu’il te le rendra ».

Un mauvais souvenir ?
La décennie noire continue de me traumatiser. A cela, s’ajoute mon fils, handicapé moteur et aveugle. Les services sensés le prendre en charge restent sourds à mes sollicitations. Ceci me chagrine énormément, croyez moi.

Quelle est la place qu’occupe actuellement la chanson kabyle dans le paysage musical selon vous ?
Ne nous leurrons surtout pas ! La chanson connaît effectivement un vide, à l’instar de certains genres. Néanmoins, elle rebondira, bien évidement. Ceci est le propre de la chanson et, à travers le monde, lorsqu’un genre s’efface il finit par revenir. Il n’y a pas de raison de s’en inquiéter. Nous l’avons constaté à maintes reprises. La chanson kabyle fait sa mue en ce moment et rebondira en temps opportun. L’art étant une richesse, il ne disparaît donc jamais. Contrairement aux arts tristes qui meurent à petits feux et qui se cachent pour mourir, l’art ne peut en aucun cas mourir.

Le mot de la fin, pour conclure cet entretien ?
J’ai été agréablement surpris de lire, dans les colonnes de votre quotidien, l’entretien réalisé avec le célèbre chanteur chaâbi Abdelkader Chaou. Je félicite La Dépêche de Kabylie pour l’importance affichée à l’égard des artistes algériens. Je vous remercie pour vous être rapprochés de mon humble personne.
Entretien réalisé par Rachid Yahou