lundi 21 novembre 2011

"Tamazight doit devenir une pratique sociale"

Béjaia : Journée d’études du HCA

"Tamazight doit devenir une pratique sociale"

"Penser une stratégie de communication pour la promotion de tamazight" est le thème développé dans une journée d’étude qui s’est déroulée dans la journée d’avant-hier, au niveau du Théatre régional de Béjaia sous l’égide du HCA (Haut Commissariat de l’Amazighité) et la direction de la promotion culturelle de Béjaia.

Il s’agit d’une séance de brainstorming qui a réuni les membres du HCA notamment son directeur général M.Assad Si El Hachemi, Merahi Youcef, le secrétaire général, des universitaires spécialistes en linguistique et en communication qui ont à leur actif des travaux portant sur la langue amazighe pour mieux cerner les contours du sujet en plus de personnalités des médias algériens.

Cette initiative, une fois clôturée, devrait ressortir avec des solutions en matière de communication pour le plan d’action 2012 du HCA pour la promotion de la langue amazighe en particulier et l’amazighité d’une façon générale. Des conférences thématiques et des tables rondes constituent la totalité des travaux qui ont été réalisés lors de cette journée d’étude consacrée à la mise en place d’une stratégie efficace en faveur de la promotion de la langue amazighe et sa "mise en valeur" à travers des techniques de communication modernes à l’exemple de l’Internet.

Taleb Nourreddine, professeur de sociolinguistique à l’université d’Oran soutient l’idée que "la promotion de l’amazighité ne doit pas se faire seulement par la langue elle-même, son intégration dans les manuels scolaires d’histoire, par contre, ne serait-ce qu’en petits passages, permettra de faire connaitre aux élèves dès l’entame de leurs études que l’histoire de l’Afrique du nord ne remonte pas au septième siècle mais bien avant" en ajoutant que "dans les livres scolaires d’histoire actuels, il n’est pas fait la moindre allusion à la langue amazighe et encore moins à l’histoire du pays avant le septième siècle, cela ne sert en aucun cas la promotion de cette langue". Le professeur Sadou Kamel de l’université d’Alger dans le même ordre d’idée a rejoint son collègue de l’université d’Oran sur ce point, d’ailleurs c’est toute une étude qu’il consacre à la langue amazighe et ses différentes variantes. Pour lui, "l’amazighité doit devenir une pratique sociale et doit être indispensablement envisagée en dehors d’une hégémonie" selon ses propos, "la crise que connait la langue amazighe n’est rien d’autre qu’une résultante historique due aux différentes colonisations qu’a connues l’Afrique du nord en général et l’Algérie en particulier". Il s’agit en fait de ce que le professeur appelle "une violence hégémonique symbolique". Le seul fait, explique le professeur, "de renommer un pays est déjà une première agression, le fait d’imposer un style architectural par le colonisateur en est une autre, l’enjeu est donc hégémonique et c’est à l’instar de ce qui s’opère partout dans le monde depuis la nuit des temps". Par ailleurs, Kamel Sadou, met en garde contre le danger qui guette la langue en permanence et menace l’intégrité culturelle et linguistique des pays, à savoir l’intrusion massive du Marketing culturel qui se fait à travers les mêmes supports de communication qui sont sensés servir à la promotion de la langue amazighe. Pour conclure son intervention, le professeur Sadou préconise aux membres du HCA de faire de ce dernier un espace de couverture des initiatives plutôt que d’être le centre de l’amazighité.

Le but de la journée d’étude est bien évidemment consacrée à penser une stratégie pour la promotion de l’amazighité à travers des supports de communication modernes comme l’Internet. Un collaborateur de la chaine 4 de la télévision algérienne a, en revanche, soulevé un point primordial concernant l’état actuel de la langue amazighe. D’après lui, "plusieurs contraintes principalement d’ordre lexical s’opposent à la promotion de Tamazight à travers les médias d’information. Il se trouve qu’un travail de fond sur la langue elle-même doit être fait pour qu’elle couvre le maximum de choses du monde et qu’elle puisse exprimer toutes les idées avant de procéder à un travail de communication et de sensibilisation". Un site Internet du HCA depuis l’année passée selon l’un des intervenants et la possibilité de l’édition d’un journal en tamazight par le HCA était au cœur des débats autour des tables rondes organisées lors de cette journée d’étude.

Mohand Hamed Khodja