mercredi 25 janvier 2012

AÏT MENGUELLET PARLE DU MAÎTRE «Sa perte est une catastrophe»

Taille du texte : Decrease font Enlarge font
«Sa perte est une catastrophe»
Lounis Aït Menguellet, le disciple, considère que son maître n'est pas mort parce qu'il a laissé un répertoire riche et intemporel.
«S'il m'avait mal reçu, je n'aurais jamais rechanté», ainsi témoigne l'élève de son maître. Lounis Aït Menguellet doit sa carrière artistique à Chérif Kheddam. «C'est à Chérif Kheddam que revient le mérite que j'existe sur scène.» Aït Menguellet le dit et le redit. Contacté hier par L'Expression, Lounis, toujours sous le choc de la perte de son maître, a accepté de nous en parler: «Sa perte m'est une catastrophe du point de vue affectif», nous a-t-il déclaré sous l'émotion et d'une voix nouée par le choc de la disparition de ce grand maître de la chanson algérienne.
Mais, Lounis, le disciple, considère que son maître n'est pas mort parce qu'il a laissé un répertoire riche et éternel. «Il reste toujours vivant dans nos coeurs et par ses oeuvres», déclare le poète. Pour lui, Da Chérif est une école qui a donné un nouveau souffle à la chanson kabyle. «Je suis passé par cette école», précise-t-il en témoignant que Chérif Kheddam était un exemple de simplicité et de bonté.
M.Aït Menguellet évoque le souvenir de leur première rencontre. «C'était à l'émission de la Chaîne II, «Les chanteurs de demain» «Ichenayen ou Zekka». Là, Lounis marque un silence, la douleur est très forte au point qu'elle abolit les mots. «C'est un souvenir impérissable, j'étais très timide, je suis parti beaucoup plus par curiosité de connaître Chérif Kheddam.
Je l'écoutais à la radio, j'aimais ses chansons», raconte-t-il avec un lourd chagrin. «Il nous a reçu avec une telle simplicité qu'on voulait revenir le lendemain. Il nous a donné envie de chanter», atteste-t-il en reconnaissant: «J'ai eu la chance de le rencontrer». M.Aït Menguellet rappelle qu'à son époque, la réputation de chanteur n'était pas bonne. «Les gens pensaient que pour être chanteur, il faut s'adonner à la drogue», explique-t-il.
Or, Da Chérif Kheddam a prouvé le contraire. «Il nous a appris qu'on peut être un artiste tout en restant propre.
C'est Chérif Kheddam qui nous a inculqué ça», se remémore Lounis Aït Menguellet. Leur dernière rencontre, c'était à Paris, il y a quelques mois. «Nous avons déjeuné ensemble avec des amis.» Ainsi se termine l'histoire d'un élève et son mentor. Pour Lounis, les mots sont incapables de décrire l'image et la grandeur de ce grand artiste. «Tout ce qu'on dit de lui, est peu», soutient-il pour conclure.
A l'instar de Lounis Aït Menguellet, Chérif Kheddam a formé toute une génération d'artistes talentueux.
La Diva Nouara, Medjahed Hamid, la liste est longue. Ce grand maître a participé à la libération de la parole et à la promotion de la chanson kabyle.
Grand compositeur, musicien et interprète, l'enfant de Aïn El Hammam a gravé son nom dans le répertoire de la musique algérienne et même universelle. Repose en paix, Da Chérif.