Entrevue - Quel avenir pour les Kabyles d'Algérie?
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Ferhat Mehenni
Pour Fehrat Mehenni, on a tort de voir dans la chute des dictatures en Afrique du Nord et au Moyen-Orient un «printemps» puisqu'il en est résulté un retour en force des islamistes. Le président du gouvernement kabyle en exil croit cependant que ces bouleversements mèneront aussi à la libération de peuples que la colonisation et la première vague de décolonisation avaient oubliés, dont le sien.
Les Algériens iront aux urnes le mois prochain, en attendant de célébrer le cinquantième anniversaire de leur indépendance en juillet.
Un autre événement important est prévu dès le 20 avril, a rappelé le président du gouvernement provisoire kabyle, Ferhat Mehenni, dans une allocution prononcée hier à Montréal: il s'agit de la commémoration d'un soulèvement de jeunes Kabyles qui avaient protesté en 1980 contre le statut inférieur qui était réservé à leur langue et à leur culture.
«J'appelle le peuple kabyle à se dresser comme un seul homme pour que cette commémoration montre l'adhésion de tous à l'option de l'autodétermination de la Kabylie», a lancé M. Mehenni, qui vit en exil en France.
Le gouvernement provisoire, qui a été créé en 2010 par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, réclame-t-il l'indépendance totale de cette région du nord de l'Algérie? avons-nous demandé à M. Mehenni. Ce dernier a donné cette réponse prudente: «Le gouvernement provisoire, en conformité avec l'institution qui l'a mis sur pied, réclame l'exercice du droit à l'autodétermination. Il appartiendra à la Kabylie de dire ce quelle entend par ce droit et ce qu'elle veut en faire.» Farhat Mehenni prévoit la tenue «en été» d'un congrès national kabyle, à moins que les événements se précipitent d'ici là.
«Les peuples à qui la colonisation a fermé la porte au nez se réveillent aujourd'hui et reprennent leur marche vers la liberté, a déclaré Ferhat Mehenni. C'est ce que nous avons vu au niveau de l'Azaouad [une vaste région à majorité touarègue dans le nord-est du Mali] qui a déclaré son indépendance, et dans la Cyrénaïque [est de la Lybie], qui a décrété unilatéralement son autonomie.»
M. Mehenni a invité le Conseil de sécurité de l'ONU, qui discute actuellement de la situation au Mali, d'être «assez clairvoyant et assez sage pour ne pas ajouter de violence et de malheur à ceux qui ont été vécus par le peuple touareg pendant les derniers mois». L'idéal, a-t-il dit, «serait que l'Azaouad accède à son indépendance et que l'ONU lui ouvre ses portes en tant que premier peuple issu de la nouvelle décolonisation».
Pour M. Mehenni, on a tort d'appeler «printemps» les chutes successives de régimes arabes survenues depuis un an et demi: «Ce qui s'est profilé [derrière ces événements] est plutôt un aspect hideux que couvaient les dictatures, notamment l'islamisme qui gangrène les sociétés.»
«Les dictatures qui ont sévi ont préparé ce phénomène. C'est comme si, dès le départ, elles savaient qu'elles allaient tomber et que, pour punir le peuple, elles avaient prévu de jeter sur eux la calamité de l'islamisme, du fascisme vert», a-t-il poursuivi.
M. Mehenni appelle aussi ses compatriotes à boycotter les élections organisées par ce qu'il considère comme un régime algérien «en manque de légitimité». Le président du gouvernement provisoire kabyle voit dans ce scrutin «une mascarade» dont les résultats sont décidés d'avance par des tractations accompagnées de corruption et d'actes d'intimidation commis par les forces de sécurité pour «convaincre les récalcitrants».
Le 20 avril 1980, des étudiants kabyles étaient descendus dans la rue pour exiger la reconnaissance officielle du tamazight, la langue des Kabyles, des Berbères et des Touaregs. Le régime avait procédé à des arrestations massives. Au printemps 2001, une nouvelle manifestation avait été réprimée par les autorités au prix de quelque 120 vies.
M. Mehenni voit dans ces événements l'acte de naissance du mouvement moderne en faveur de l'autonomie kabyle. Le gouvernement provisoire qu'il préside a été créé en juin 2010 pour «placer la question kabyle sur le plan international et mettre la question de son autodétermination à l'ordre du jour de la communauté internationale», a-t-il indiqué.
Les Algériens iront aux urnes le mois prochain, en attendant de célébrer le cinquantième anniversaire de leur indépendance en juillet.
Un autre événement important est prévu dès le 20 avril, a rappelé le président du gouvernement provisoire kabyle, Ferhat Mehenni, dans une allocution prononcée hier à Montréal: il s'agit de la commémoration d'un soulèvement de jeunes Kabyles qui avaient protesté en 1980 contre le statut inférieur qui était réservé à leur langue et à leur culture.
«J'appelle le peuple kabyle à se dresser comme un seul homme pour que cette commémoration montre l'adhésion de tous à l'option de l'autodétermination de la Kabylie», a lancé M. Mehenni, qui vit en exil en France.
Le gouvernement provisoire, qui a été créé en 2010 par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, réclame-t-il l'indépendance totale de cette région du nord de l'Algérie? avons-nous demandé à M. Mehenni. Ce dernier a donné cette réponse prudente: «Le gouvernement provisoire, en conformité avec l'institution qui l'a mis sur pied, réclame l'exercice du droit à l'autodétermination. Il appartiendra à la Kabylie de dire ce quelle entend par ce droit et ce qu'elle veut en faire.» Farhat Mehenni prévoit la tenue «en été» d'un congrès national kabyle, à moins que les événements se précipitent d'ici là.
«Les peuples à qui la colonisation a fermé la porte au nez se réveillent aujourd'hui et reprennent leur marche vers la liberté, a déclaré Ferhat Mehenni. C'est ce que nous avons vu au niveau de l'Azaouad [une vaste région à majorité touarègue dans le nord-est du Mali] qui a déclaré son indépendance, et dans la Cyrénaïque [est de la Lybie], qui a décrété unilatéralement son autonomie.»
M. Mehenni a invité le Conseil de sécurité de l'ONU, qui discute actuellement de la situation au Mali, d'être «assez clairvoyant et assez sage pour ne pas ajouter de violence et de malheur à ceux qui ont été vécus par le peuple touareg pendant les derniers mois». L'idéal, a-t-il dit, «serait que l'Azaouad accède à son indépendance et que l'ONU lui ouvre ses portes en tant que premier peuple issu de la nouvelle décolonisation».
Pour M. Mehenni, on a tort d'appeler «printemps» les chutes successives de régimes arabes survenues depuis un an et demi: «Ce qui s'est profilé [derrière ces événements] est plutôt un aspect hideux que couvaient les dictatures, notamment l'islamisme qui gangrène les sociétés.»
«Les dictatures qui ont sévi ont préparé ce phénomène. C'est comme si, dès le départ, elles savaient qu'elles allaient tomber et que, pour punir le peuple, elles avaient prévu de jeter sur eux la calamité de l'islamisme, du fascisme vert», a-t-il poursuivi.
M. Mehenni appelle aussi ses compatriotes à boycotter les élections organisées par ce qu'il considère comme un régime algérien «en manque de légitimité». Le président du gouvernement provisoire kabyle voit dans ce scrutin «une mascarade» dont les résultats sont décidés d'avance par des tractations accompagnées de corruption et d'actes d'intimidation commis par les forces de sécurité pour «convaincre les récalcitrants».
Le 20 avril 1980, des étudiants kabyles étaient descendus dans la rue pour exiger la reconnaissance officielle du tamazight, la langue des Kabyles, des Berbères et des Touaregs. Le régime avait procédé à des arrestations massives. Au printemps 2001, une nouvelle manifestation avait été réprimée par les autorités au prix de quelque 120 vies.
M. Mehenni voit dans ces événements l'acte de naissance du mouvement moderne en faveur de l'autonomie kabyle. Le gouvernement provisoire qu'il préside a été créé en juin 2010 pour «placer la question kabyle sur le plan international et mettre la question de son autodétermination à l'ordre du jour de la communauté internationale», a-t-il indiqué.
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